Contournement d’Aurillac : la population vent debout contre un gaspillage d’argent public

Écrit par Fabrice Durtal
Contournement d’Aurillac : la population vent debout contre un gaspillage d’argent public  © EBASCOL/Shutterstock

Le département du Cantal prévoit de construire une route cisaillant une dizaine d’exploitations agricoles et saccageant une trentaine d’hectares pour que les automobilistes contournent Aurillac à vive allure.

La voiture plutôt que l’agriculture : le président du Conseil départemental du Cantal pousse à la roue pour qu’un contournement routier, d’un coût estimé de 30 à 40 millions d'euros, soit construit afin de contourner Aurillac, la préfecture du Cantal.

Destinée à décongestionner les boulevards urbains de la ville, cette nouvelle route devrait partir du rond-point de La Poudrière, près du centre commercial de La Sablière, pour s’élancer jusqu’à un autre rond-point : celui des Quatre-Chemins, situé face à l’usine Autec, à Ytrac.

Entre ces deux points, un vrai carnage écologique. Car la construction de cette mini-autoroute de 6 km, peu performante puisqu’elle traverserait un environnement urbanisé comportant de très nombreux carrefours, aura pour effet de détruire 30 hectares de terres agricoles dans le Bassin d’Aurillac et d’éventrer une dizaine d’exploitations agricoles.

À l’issue d’une réunion qui s’est tenue le 2 avril dernier, les agriculteurs installés dans la plaine d’Ytrac, entre la RD120 et la RN122, ont manifesté leur opposition radicale à ce projet avec le soutien d’une forte majorité de riverains. Depuis, rien n’a bougé.

Cette tabula rasa économique s’ajouterait à la centaine d’hectares détruits depuis quelques années dans le même bassin (Esban 1, La Sablière, Esban 2, déviation N122...) pour la construction de zones commerciales enlaidissant le paysage urbain.

Le choc qu’occasionnerait la coulée de bitume routier est si contesté que des personnalités engagées pour la défense de l’environnement tels que Stéphane Bern, le fondateur de Nature & Découvertes ou des écrivains comme Serge Joncour ont rejoint les rangs de l’association APPY (Association pour la Préservation des Patrimoines d’Ytrac), vent debout contre ce projet défendu par Bruno Faure, président (LR) du Conseil départemental du Cantal.

Aurillac : 7,9/20 à l'Argus des communes 

À ce désastre écologique est accolé un coût que l’association APPY évalue à plusieurs millions, entre 30 et 40 millions selon les dernières estimations.

Plusieurs courriers ont été envoyés par l’association au Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, qui cofinancerait ce projet.

Ils dénoncent le coût d’un contournement néfaste à la protection de l’environnement, aux terres agricoles, à la nature et aux paysages, et à la lutte contre le réchauffement climatique.

Pour mémoire, la Chambre Régionale des Comptes Auvergne Rhône-Alpes (octobre 2022), pointant le Cantal du doigt, a récemment alerté sur la situation financière du Département, dont un « endettement réel aggravé par le recours au partenariat public-privé pour la réalisation de tronçons de routes départementales ».

De son côté, l’Argus des communes de Contribuables Associés a attribué une note de santé financière de 7,9 sur 20 à Aurillac (27 000 habitants) dans son édition 2024.

Publié le mercredi, 15 janvier 2025

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