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Bruno Riondel : «Le professeur ne fait pas le poids face à l’imam»

Écrit par Contribuables Associés
riondel-professeur-imam-enquetes-contribuable © Enquêtes du contribuable

Suite au tragique événement de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), la décapitation, au nom de l’islam de Samuel Paty, professeur d’Histoire-Géographie, le 16 octobre 2020 dernier, nous rediffusons cette interview de Bruno Riondel, lui-même enseignant et essayiste, parue dans notre revue Les Enquêtes du contribuable en 2015.

 

Entretien avec Bruno Riondel. Docteur en Histoire et enseignant dans un lycée parisien et, auparavant, dans différents établissements d’Île-de-France, Bruno Riondel décrit dans son essai « Considérations inconvenantes » (L'Artilleur, 416 pages, 23 € - mai 2015) les conséquences de l’intrusion de l’islam au sein de l’école républicaine.

Comment peut-on enseigner aujourd'hui l'Histoire et d'autres matières dans des établissements scolaires qui comptent, chaque année, toujours plus d'élèves de confession musulmane ? C'est l'une des questions posées par Bruno Riondel dans ces « Considérations inconvenantes » qui sont également politiquement incorrectes. Un amer constat de l'intégration pour laquelle des sommes énormes ont été investies, qu'il s'agisse de la politique de la ville ou du subventionnement massif d'associations. Le contribuable, lui bien intégré, continue de payer.riondel islam ecole

➜ Dans quel contexte avez-vous rédigé cet essai ?

Ce qui m’a conduit à écrire cet ouvrage, c’est une colère. Son origine est à trouver dans l’évolution du comportement des élèves dans les classes en 2011, lors des printemps arabes. On aurait pu penser que cela pousserait les élèves à davantage s’intéresser à la démocratie, à la République, aux libertés.

Or, c’est bien l’inverse qui s’est produit. Les jeunes musulmans ont été galvanisés par la montée en puissance des partis politiques islamiques en Tunisie ou en Égypte, et cela correspond à une tendance générale en France.

Il faut se souvenir que les Français d’origine tunisienne qui votaient pour les élections à la chute de Ben Ali ont porté leur voix, pour 40 % d’entre eux, sur Ennahdha ! Ce chiffre est inquiétant pour des gens qui vivent depuis plusieurs années dans notre République française.

➜ Cet intérêt pour l’influence de l’islam dans les collèges et lycées français est-il vôtre depuis toujours ?

J’ai voulu croire, au début de ma carrière que cette religion pouvait s’intégrer dans notre système politique et éducatif. C’était la pensée de l’époque ! Mais les réalités ressortent. A la rigueur, si la communauté musulmane était restreinte en nombre, le problème ne se poserait pas. Mais elle devient de plus en plus importante ! Du coup, les musulmans ne cherchent plus à s’intégrer. Nombreux sont ceux qui réclament le port du voile et, pour les plus jeunes, qui revendiquent la culture de leurs parents. On ne peut pas se mentir face à cette situation.

➜ Comment se comportaient ces élèves musulmans quand vous avez commencé à enseigner ?

Disons-le clairement : les jeunes étaient impeccables. Ils cherchaient à s’intégrer. De même pour leurs parents ! En réunion de parents d’élèves, ils nous soutenaient et n’hésitaient pas à nous dire « s’il le faut, engueulez mon fils ! ». La première génération avait connu la colonisation et était parfaitement intégrée.

➜ Selon vous, à partir de quel moment la situation a commencé à basculer ?

La première fois où j’ai été choqué, c’était au milieu des années 1990. Pendant un cours, j’ai entendu des propos très choquants sur la Shoah, du type « Hitler a pas fini le boulot ». Après le 11 septembre 2001, ce genre de phrases est devenu de plus en plus fréquentes ; on assiste presque à une banalisation de ce discours.

➜ Peut-on assurer un cours d’Histoire dans de telles conditions ?

Il faut continuer à enseigner les choses comme on le fait. Ce peut être l’occasion de débats. Mais il faut être réaliste. On (les professeurs) a aujourd’hui des concurrents, notamment internet. Les jeunes croient plus facilement ce qui est écrit sur la toile que ce qu’on leur enseigne. Les théories complotistes, qui ont pullulé après le 11 septembre, ont accentué ce phénomène. Dans certaines mosquées, également, il y a un contre-enseignement. Des imams peuvent être très militants avec une relecture complète de l’Histoire. L’idée, dans le fond, c’est de maîtriser l’Histoire pour maîtriser la vérité. Et un professeur ne peut faire le poids face à l’imam, en termes de légitimité.

➜ Comment les manuels scolaires traitent-ils de l’islam ?

Il y a trente ans, on ne parlait pas de l’islam dans les manuels scolaires ou très peu. Et puis ces questions ne faisaient pas l’actualité et n’apparaissaient pas comme une menace. Aujourd’hui, non plus, mais le sujet est sur la table, d’une curieuse manière. « Il ne faut pas voir l’islam dans les faits mais dans la manière dont il est ressenti par ses pratiquants ».

Cette phrase est celle des pédagogues de l’Éducation nationale ! Cela traduit bien une gêne, un aveu de faiblesse. Autre exemple de précaution abusive : les manuels citent souvent comme une merveille de vie en communauté Al-Andalous [les territoires espagnols sous domination musulmane de 711 à 1492, NDLR], ce qui est historiquement faux ! Encore une fois, le but est généreux : ne pas accabler les élèves immigrés. Mais ce bon sentiment n’est, définitivement, pas la meilleure idée.

« Quand un professeur est le seul à remarquer un problème, il peut se retrouver isolé. »

➜ L’islam à l’école, est-ce un sujet qui revient souvent en salle des professeurs ?

Il y a des choses qu’il ne faut pas voir. Quand un professeur est le seul à remarquer un problème, il peut se retrouver isolé. Pour plusieurs raisons : ses collègues ne sont pas concernés par le problème dans leur matière, ou ils ne veulent pas voir. Parfois, dans ce cas-là, c’est par idéologie.

➜ On dit souvent que le corps professoral penche nettement à gauche…

Les professeurs sont moins à gauche aujourd’hui. Le milieu professoral de gauche, à mon avis, est sur le déclin. Cela dit, l’islam est un sujet que personne ne veut aborder. Les gens l’évitent. Sauf une fois, où un de mes collègues, m’a dit ceci à propos d’un livre que je lisais sur le sujet : « Ah, tu regardes à quelle sauce on va être mangés ! » Nous n’en avons plus jamais reparlé.

Dans l’autre sens, a eu lieu, il y a quelque mois, une situation étrange. Suite aux événements de janvier, le Sénat avait diligenté une mission d’enquête dans les banlieues. Certains établissements l’ont refusée ! Par idéologie évidemment, car pour le corps enseignant il s’agissait là d’une tentative de stigmatisation des jeunes musulmans. Certains ont encore une vision qui est celle qu’on pouvait avoir dans les années 1970. Il n’y a aucune remise en question de leur part. Pourtant, il ne faut pas avoir peur d’être moins généreux et plus ferme aujourd’hui. Après, il sera trop tard.

Propos recueillis par Nicolas Julhiet

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Publié le mercredi, 21 octobre 2020