Lyon : si vous financez le train de vie de Serge Dorny, on vous offre une place d’Opéra !

Écrit par Gauthier LAMOTHE
Opéra-Lyon-argent-public © Jean-Christophe Benoist - Wikimedia Commons - CC BY 4.0

Les frais de fonctionnement de l'ancien directeur de l'Opéra de Lyon, Serge Dorny, ont explosé sans être reliés à quoi que ce soit de concret en termes de programmation ou de contrats. Parfois, d'étonnantes irrégularités ont même été constatées par les magistrats de la Chambre régionale des comptes pour la période 2010-2019.

 

Ah, Lyon ! Ses lumières du 8 Décembre… Sa gastronomie… Sa basilique de Fourvière… Sa place Bellecour où s’amassent les jeunes malandrins dépouillant qui possède le portefeuille et molestant qui possède la beauté… Et surtout, son Opéra, élu meilleur Opéra du monde en 2017 !

Pour le Lyonnais, l’Opéra situé face à l’hôtel de ville est connu pour ses nombreux skaters et danseurs de hip-hop qui utilisent le parvis pour répéter des figures, au son des bus menant place Saint-Paul et des clapotis du Rhône.

Mais ce que ne sait en général pas le Lyonnais, c’est que cet Opéra est financé à 78% par des fonds publics – un budget de plus de 38 millions d’euros en 2019 – et que les impôts n’ont pas servi qu’à financer des réinterprétations de la "Flûte enchantée" : selon la chambre régionale des comptes, les frais de fonctionnement de Serge Dorny, l’ancien directeur général, ont presque tripé de 2010 à 2014, et ont continué d’augmenter ensuite.

Voyez plutôt :

  • Un peu de moins de 4000 euros de frais de taxis en plus d’une voiture de service…

  • Un salaire annuel de 291 000 euros… Peut-être qu’en lisant ce chiffre, les contribuables comprendront pourquoi, chez Contribuables Associés, nous avions exigé que les hauts fonctionnaires touchant de tels salaires le rognent quelque peu par solidarité envers le secteur privé mis de force à l’arrêt.

  • Des hôtels 5 étoiles et Relais et Châteaux : la convention pour ses prédécesseurs était de se limiter à 4 étoiles (si peu...)

  • Des livres, magazines, pourboires, accessoires de voyages, restaurants dépassant parfois les 150 euros par personne, des cadeaux… et tout cela, souvent, sans rapport évident avec l’Opéra, selon l’audit

D’ailleurs, si l’on en croit les magistrats ayant réalisé l’audit :

« L’ampleur de ces remboursements témoigne d’une conception parfois extensive de
la notion de frais engagés à l’occasion de déplacements, missions ou
représentations. Dans la mesure où la nature de ces dépenses n’a jamais été cachée,
mais au contraire systématiquement justifiée, sans que les administrateurs y prêtent
véritablement attention, ces remboursements ne vont toutefois à l’encontre
d’aucune règle interne qu’il revenait d’ailleurs aux administrateurs d’établir »


Le problème de ces dépenses n’est pas que leur nature ou leur montant : le problème, c’est surtout leur fulgurante augmentation, injustifiée au regard du nombre de places vendues qui n’a pas augmenté en même temps.

Dans n’importe quelle entreprise privée, un tel phénomène poserait de sérieuses questions sur la légitimité du gestionnaire : de deux choses l’une, soit le dirigeant est incompétent, soit il est malhonnête, ou un mélange des deux.

Si le dirigeant est seul à posséder l’entreprise, il peut se montrer aussi incompétent qu’il le souhaite (quitte à se faire épingler par le FISC si les frais sont injustifiables) : seule la probité compte, avant la compétence, puisque chacun est libre de mal gérer une entreprise tant qu’elle survit.

Si le dirigeant a des comptes à rendre aux actionnaires, nul doute qu’une telle augmentation des frais de fonctionnement amènerait à son licenciement, ou en tout cas à l’ordre de réduire considérablement la voilure l’année suivante.

L’Opéra de Lyon étant financé majoritairement par des subventions, l’augmentation des frais de fonctionnement passe plus facilement inaperçue, puisque nous, les contribuables, sommes une vache à lait qui a rarement conscience de la manière dont on la trait.

Le plus cocasse, c’est que les collectivités locales étaient parfaitement au courant de ce train de vie fastueux :

  • La Ville de Lyon avait audité l’Opéra de 2014 à 2016
  • Le journal Mediacités avait déjà pointé du doigt le style dispendieux de Serge Dorny
  • Le procureur de la République avait sollicité Gérard Collomb (le maire de Lyon de l’époque) pour savoir comment étaient vérifiée la comptabilité de l’Opéra. Indépendamment de ce qu’on peut penser en faveur ou en défaveur de l’art subventionné, il est évident que les subventions reçues par cette industrie sont loin d’être allouées uniquement à la création.
  • Combien d’autres cas similaires passent sous le radar des entités chargées du contrôle ?
  • Et quelle est l’utilité de ces contrôles (payés par nos impôts, eux aussi) si l’argent n’est pas récupéré ?

La situation ne changera hélas pas tant qu’il n’y aura aucune mesure concrète : l’une d’entre elles serait de laisser les Contribuables choisir quelles entités ils peuvent subventionner ou non. 

En attendant, les contribuables français peuvent se sentir soulagés : Serge Dorny utilisera l’argent du contribuable allemand, puisqu’il est maintenant patron de l’Opéra de Munich.

Publié le mardi, 21 décembre 2021

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