Imprimer cette page

Trois questions à Jérôme Fourquet (Ifop)

Écrit par Contribuables Associés

Nous avons interviewé le politologue début septembre 2014, au lendemain du remaniement ministériel. Nous avons pensé que le contexte des débats parlementaires sur le projet de loi de finances rendait ses réponses à nos questions particulièrement d'actualité.

 

Contribuables Associés : Jérôme Fourquet, dans une interview accordée au Figaro cet été, vous estimiez que le gouvernement n’a plus aucune marge de manœuvre. Confirmez-vous ce jugement après le remaniement ?

Jérôme Fourquet : Je le confirme car la situation politique est toujours tendue. Le débat sur le budget ne fait que commencer, avant les discussions au Parlement en octobre, mais les volte-face de Michel Sapin sur l’incapacité à maintenir les engagements de croissance et de déficit à l’égard de Berlin et de Bruxelles montrent que la situation ne s’est pas améliorée.

CA : Le virage « social-libéral » du gouvernement, annoncé depuis début 2014 et confirmé dans les discours avec les deux remaniements ministériels de cette année, va-t-il se traduire dans les faits en matières de baisse des dépenses publiques et de la fiscalité ?

JF : La société est désormais prête à faire cette évolution. Il y a une alliance de plus en plus étroite entre les ménages et les entreprises, tous s’accordant pour dire que et les charges et les impôts et taxes doivent être baissés, ce qui pose du coup la question du poids de la sphère publique. L’opinion évolue dans le sens de la diminution de celle-ci.

CA : Les engagements du gouvernement à l’égard de l’Allemagne et de l’Union européenne vont-ils le contraindre à faire de véritables réformes ?

JF : On est au bout du chemin, avec des prévisions de déficit et de croissance pas atteintes. Le niveau d’exaspération de Bruxelles et surtout de Berlin rend le statu quo intenable. La parole de la France est fragilisée par son incapacité à tenir ses engagements. Les exigences de Berlin et de Bruxelles sont en outre renforcées par celles des ménages et des entreprises qui refusent d’être matraqués davantage encore. La question est de savoir si le gouvernement pourra électoralement prendre des décisions réelles de baisse des dépenses publiques alors que la fonction publique constitue un réservoir électoral considérable pour le Parti socialiste. La baisse des dépenses publiques est indispensable, mais elle est inédite sous la Ve République, y compris sous des gouvernements de droite.

Publié le lundi, 13 octobre 2014