Politic Angels : “Remettre le citoyen au centre du jeu politique”

Écrit par Contribuables Associés

Politic Angels est un mouvement non partisan qui a pour ambition de remettre le citoyen responsable au centre du jeu politique.

 

A l'occasion de la présidentielle, les Politic Angels se font le relais auprès des différents candidats des propositions des Français pour une meilleure gestion de la chose publique. Interview.

Les Politic Angels veulent donner aux citoyens le pouvoir de prendre leur destin en mains, en agissant pour des objectifs d’intérêt général, par des initiatives concrètes, « avec ou à côté des politiques ».

A l’occasion de la présidentielle, les Politic Angels se font le relais auprès des différents candidats des propositions des Français pour une meilleure gestion de la chose publique.

Interview de François Lainée, fondateur des Politic Angels.

Comment est né Politic Angels et comment avez-vous démarré ?

Lorsque la petite ville dans laquelle j’habite en région parisienne a rejoint la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise (Val d’Oise), nous avons constaté une augmentation de 40% au bout d’un an du niveau des taxes sur les ordures ménagères pour un service moins bon qu’avant.

Nous avons souhaité comprendre le pourquoi, et cela s’est avéré extrêmement laborieux : réponses dilatoires, obstruction à l’accès aux données publiques qu’il a fallu débloquer par une condamnation par la CADA (Commission d’accès aux documents administratifs) …

In fine, au bout d’un an, l’analyse était faite et elle était limpide : un écart de 3 millions d’euros par an avec la moyenne nationale, et 3 leviers d’action pour une réduction des dépenses : centralisation de la collecte des ordures ménagères standard, réduction des effectifs de tri et renégociation auprès de Véolia pour le traitement.

J’ai donc décidé de proposer à la communauté d’agglomération de conduire avec eux une action qui, en 6 mois, devait mettre en œuvre ces leviers de mieux faire. Naïvement j’espérais au moins des réactions, et peut-être une action.

Mais, à cette époque je n’obtins aucune réponse, ni du Président ni d’aucun des douze maires des communes, pourtant pas tous du même bord. En me renseignant, j’ai appris que chacun au sein de la communauté d’agglomération évitait de faire des vagues car chacun tenait à son poste.

Citoyen malvenu à faire des analyses et encore moins des propositions. Les élus ont le pouvoir, ils s’expliquent entre eux.

Puis la vie a repris, jusqu’à l’année suivante où le maire du village présenta le projet d’une nouvelle augmentation, de 4% (alors que les 40% initiaux avaient été discrètement cachés), augmentation qui ne fut pas appliquée. Première petite victoire ?

Alors, aux élections municipales de 2008, nous avons donc décidé de constituer une liste d’un genre nouveau : une liste citoyenne soutenant des idées très concrètes, prenant part aux débats, mais sans se présenter.

L’idée était de rassembler un certain nombre de mesures dont tous les candidats pouvaient s’inspirer. Une liste d’actions/ idées open source [« en source ouverte », ndlr] que nous souhaitions mettre et voir mises en œuvre.

C’est dans ce contexte de première action collective structurée autour de propositions concrètes pour améliorer les services publics, plaqués au plus près de l’appareil et des approches politiques classiques mais en restant extérieur, qu’est née l’idée du mouvement des Politic Angels.

Mais alors, de quoi est-il question ?

Les Politics Angels sont un mouvement citoyen qui vise à déployer une démocratie coopérative : c’est-à-dire une forme de gouvernance où le pouvoir de proposer et de mettre en œuvre des actions d’améliorations de l’intérêt général doit appartenir aux élus et aux citoyens qui veulent en prendre l’initiative.

Ceci, notons-le, est bien plus large que la démocratie dite participative, où les citoyens sont invités là et quand le pouvoir politique le veut, à participer aux discussions ou aux décisions sur la chose publique. Dans le participatif le pouvoir invite, dans le coopératif, le citoyen a aussi le pouvoir de s’inviter tout seul.

C’est là un point commun avec la démocratie directe, une des batailles majeures des Contribuables Associés, que les Politic Angels partagent pleinement.

Mais la démocratie coopérative, contrairement à la démocratie directe, ne se limite pas à la possibilité pour le citoyen de proposer des lois ou règlements, elle invite également à des actions d’intérêt général, quand bien même celles-ci ne sont pas du ressort d’une nouvelle loi.

Ainsi, la démocratie coopérative permet que des citoyens experts dans un domaine puissent interpeller et peser plus facilement qu’aujourd’hui sur des décisions publiques légales sur la forme mais mauvaise sur le fond.

Ainsi les Politic Angels sont un mouvement de citoyens qui proposent des actions d’intérêt général, qu’ils soutiennent personnellement pour les mettre en œuvre, avec ou à l’encontre des pouvoirs publics qui en sont normalement responsables.

Et, pour atteindre cette mise en œuvre, tous les moyens (légaux) sont bons : lobbying, mobilisation locale de citoyens, lobbying d’influenceurs clés, appui sur les médias… Ces actions peuvent porter sur tous les sujets qui tiennent à cœur aux membres du mouvement, du moment qu’elles contribuent à l’intérêt général.

Nos batailles ne sont donc pas seulement financières, elles visent l’ensemble des politiques. Il ne s’agit pas non plus de faire des pétitions mais plus largement de faire des propositions, avec des réseaux qui portent l’action et ceux qui les soutiennent. À l’image des Business Angels, qui apportent leur temps et leur expérience.

Pouvez-vous illustrer ces principes par des campagnes concrètes ?

Oui, bien sûr. Premier exemple, historique, autour des politiques d’élimination des déchets ménagers.

Tenus à distance par des pouvoirs publics locaux qui refusaient la discussion sur des gâchis que nous avions diagnostiqués, puis par les pouvoirs centraux qui refusent de partager les données de performance locales qu’ils ont collectées, nous avons construit notre propre base de données de performance locale de ces politiques, que nous avons mise en ligne pour accès à tout citoyen.

Nous en avons déduit une estimation de potentiel d’économie d’environ 1 milliard d’euros par an au niveau national, et nous avons élaboré à partir de cette connaissance une proposition très simple en deux mesures que tout citoyen peut soutenir en un clic pour en alerter directement le cabinet du ministre de l’Environnement (dont le territoire a une performance exécrable sur les déchets).

J’espère que nous aurons l’occasion de revenir dans vos tribunes pour donner plus de détails sur cette thématique dont nous sommes, par nécessité hélas, devenus des experts.

Une seconde action a consisté à mener une évaluation des performances financières de toutes les communes de France, de 2007 à 2010. 

Cette action vise à donner à tous les citoyens un moyen de prendre conscience très simplement de la santé financière de sa commune de résidence, et de pouvoir dialoguer plus efficacement avec le maire.

Elle rejoint une action menée depuis quelques années par les Contribuables Associés, et j’espère que nous allons pouvoir travailler ensemble pour publier ensemble la première base de données nationale citoyenne d’évaluation financière publique.

Êtes-vous aussi présent aux rendez-vous électoraux, comme la campagne présidentielle ? 

Oui… Et non. Non, parce que par principe nous ne voulons pas le pouvoir électif. Le pouvoir que donne l’élection vient systématiquement, pour nous, avec la perte de certaines libertés qui sont fondamentales pour nous permettre de penser et d’agir en toute liberté.

Aussi nous souhaitons être proches des élus autant que le nécessite la mise en œuvre de nos propositions, mais nous souhaitons garder notre force et liberté de citoyens hors des appareils.

Mais, oui, parce que la politique, au sens étymologique du terme des « choses de la cité », est notre champ d’action.

Ainsi nous avons construit une campagne présidentielle citoyenne open source. Cette campagne est sans doute la première forme de campagne nationale démocratique directe.

Cette campagne présente en effet plusieurs caractéristiques uniques :

– Elle s’appuie sur un programme qui est un ensemble d’idées/ actions venues de citoyens membres ou sympathisants.

Ces actions sont loin de prétendre couvrir tous les champs de conduite des affaires du pays, mais c’est sans importance car ce qui compte avant tout pour nous c’est que ces actions soient soutenues au départ par un porteur qui y croit sincèrement et que qu’elles emportent un impact d’intérêt général clair et significatif.

Si vous avez envie d’ajouter une proposition puis de la faire soutenir par votre réseau et le nôtre, n’hésitez pas.

– Cette campagne ne vise à soutenir aucun candidat spécifique; mais à les influencer tous. Open source veut dire qu’elle est offerte pour proposition et appropriation à tous les candidats, sans distinction aucune, et les citoyens qui sont à l’origine ou qui peuvent ensuite soutenir ces propositions ne sont pas appelés à soutenir une personne quelle qu’elle soit ; mais juste l’action en elle-même.

– Cette campagne se déploie par le vote de tout citoyen qui souhaite exprimer son avis de soutien à l’une ou l’autre des actions.

Et ceci se fait d’un clic, en allant sur la page qui expose les propositions pour choisir celles que l’on souhaite soutenir, puis en cliquant « je soutiens ».

Ce clic envoie alors un courriel à chacun des candidats (aujourd’hui, F. Bayrou, F. Hollande, E. Joly, B. Le Maire (directeur de campagne de N. Sarkozy), C. Lepage, J.L. Mélenchon, P. Moscovici (directeur de campagne de F. Hollande), M. Le Pen) en lui indiquant que le citoyen, qui vient de fournir ses coordonnées, l’interpelle pour lui faire savoir que ces propositions lui semblent bonnes, et qu’il en souhaite la mise en œuvre.

Cette campagne est donc un dialogue direct du peuple vers les élus, sur la base de propositions venues de citoyens. Toutes les caractéristiques, donc, d’une campagne en démocratie directe.

Pouvez-vous nous donner des exemples de propositions ?

– Certainement. Le programme couvre à ce jour trois domaines essentiels :

– Des mesures pour la transparence et l’ouverture : exemple, faciliter l’accès des citoyens aux documents publics par des pénalités financières aux administrations obstructives.

Nous souhaitons que les décisions de la CADA soient respectées et que l’on pénalise financièrement les administrations qui ne répondent pas.

Aujourd’hui, dans 40% des cas où la CADA a donné raison au citoyen dans sa demande, l’administration ne s’exécute pas et on en reste là !!

– Des mesures pour des décisions participatives. Premier exemple : Faire participer le citoyen aux décisions d’investissements locaux sur l’éducation et le transport.

Autre proposition : instaurer une « assurance-chômage » des élus en cas de non réélection pour permettre à de nouvelles catégories de citoyens de « prendre le risque » de la politique électorale.

– Diverses mesures de vie pratique, avec par exemple la demande de libérer les logements sociaux pour les personnes à revenus modestes, en faisant enfin appliquer les lois existantes, grâce à des pénalités financières et juridiques pour les organismes qui n’effectuent pas les contrôles nécessaires et en offrant aux occupants au-dessus des revenus prévus l’option de quitter les lieux ou d’acheter leur logement au prix du marché.

Pour une vision plus complète du programme, et pour le soutenir en devenant ainsi un des pionniers de la démocratie directe en France.

Comme vous le voyez, nos actions sont en phase avec le combat que mènent les Contribuables Associés.

C’est pourquoi je suis si heureux de partager des idées avec vos adhérents et lecteurs.

Je pense qu’eux aussi comprendront notre démarche car nous partageons de très nombreuses valeurs : volonté d’amélioration du rapport qualité/ coût des services publics, apolitisme, désir sincère de faire des adhérents et sympathisants les vrais acteurs des actions pour lesquels nous sommes à leur service.

De belles perspectives de collaboration !

Propos recueillis par Jean-Baptiste Leon

Avec Contribuables Associés, luttez pour la réduction des dépenses publiques, car trop de dépenses publiques c'est trop d'impôts, et contre les gaspillages scandaleux d'argent public !

Publié le mardi, 28 février 2012

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