La réalité des emplois d’avenir : petite solution, grand gaspillage

Écrit par Contribuables Associés

Inverser la courbe du chômage ! Relancer l’emploi ! Ces leitmotivs de l’action gouvernementale, scandés à tours de discours par le Président de la République François Hollande, ne peuvent cacher la réalité : l’incapacité du politique à agir sur l’économie et sa capacité à gaspiller l’argent des contribuables.

 

Ils sont au nombre de trois ! Trois types d’emploi aidé qui devraient totaliser 750.000 créations d’emploi à destination des jeunes : l’emploi d’avenir, le contrat de génération, le contrat franc. Rappelons le détail : l’emploi d’avenir doit créer 100.000 emplois et coûter 1,5 milliard d’euros aux contribuables. Le contrat de génération doit créer 500.000 emplois et coûter 2,5 milliards d’euros aux contribuables. L’emploi franc doit créer 150.000 emplois et coûter 1 milliards d’euros aux contribuables. La facture finale estimée serait donc de 5 milliards d’euros, soit un coût pour les contribuables de plus de 6.600 euros par jeunes embauchés avec ces types de contrat.

Mais si l’on cerne bien la dépense, il est plus difficile de cerner le véritable impact qu’auront les mesures gouvernementales sur l’emploi. A vrai dire, elles seront probablement marginales. L’exemple de l’emploi d’avenir explique pourquoi.

L’emploi d’avenir : créer de la fonction publique

Pour créer de l’emploi, François Hollande n’a en fait rien trouvé de mieux que de reproduire la fonction publique. Pas vraiment surprenant chez un énarque qui n’a jamais rien connu d’autre. Deux éléments nous révèlent cette réalité. D’une part le financement : l’Etat finance ces emplois à hauteur de 75% sur une période de trois ans. D’autre part ceux qui doivent faire usage de ces emplois sont les collectivités territoriales et les associations – dont nous savons que celles qui embaucheront sont subventionnées en grand partie par l’Etat aussi.

Pour illustrer ces propos, au 28 février, selon le gouvernement, il y a avait 10.000 emplois d’avenir signés dont 2.500 dans l’Education nationale. Mais que 25% des emplois d’avenir soient créées dans l’Education nationale, symbole de la fonction publique, donne déjà une idée de l’avenir réservé à ces jeunes. En outre, ils ne sont pas employés en tant qu’enseignants bien entendu, mais, disons-le, en tant que pions dans les deux sens du terme : pion pour surveiller les élèves, pion car pris pour l’instant et jeté dans trois ans.

Les trois problèmes des emplois d’avenir

En outre, les contribuables sont en droit de se demander si le gouvernement a vraiment considéré les conséquences de ces emplois d’avenir et le contexte dans lequel ils sont instaurés. En effet, trois problèmes de fond se posent.

Premier problème : quand on crée un contrat d’embauche, on ne crée pas un emploi. C’est le B-A BA de l’économie. Tous ceux qui sont dans les affaires ou dans le privé le savent : il faut qu’il ait du travail pour créer un emploi. Ensuite on discute de cet emploi, des compétences requises, des responsabilités impliquées. Le contrat de travail, qu’elle que soit sa forme, n’arrive qu’en dernière phase de la discussion car le contrat de travail n’est que la conséquence d’un emploi, il n’en est pas la cause. François Hollande a pris le problème à l’envers : il est douteux qu’il puisse alors présenter une solution viable.

Deuxième problème : les collectivités locales n’ont plus d’argent, difficile d’embaucher dans ce cas. L’Etat décentralise de plus en plus de compétences sur des collectivités territoriales de plus en plus endettées, empêtrées dans les paiements des aides sociales et dans des emprunts toxiques entre autres. François Hollande demande donc à des municipalités, des intercommunalités, des départements et des régions d’embaucher. Jacques Pélissard, député-maire UMP de Lons-le-Saunier, et surtout président de l’association des maires de France, lui fait écho : « on ne peut pas plus longtemps subir de hausses de charges (2 milliards d’euros par an à partir de 2013) sans avoir de compensations ou de négociations sur les norme qu’on nous demande d’appliquer » et de rappeler que « nous subissons parallèlement toutes sortes de hausses : TVA sur les déchets, TVA sur les transports urbains, cotisations retraites des agents des collectivités locales, etc. Sans compter la suppression du jour de carence, dont le coût est de 70 millions d’euros par an, toutes collectivités confondues. » Alors maintenant, de surcroît, il faudrait embaucher pour sauver les emplois d’avenir de François Hollande ? Même si les collectivités ne les financent qu’à 25%, cela semble difficile vu le contexte.

Troisième problème : un contrat d’avenir n’offre aucun avenir à celui qui le signe, pas plus qu’à son employeur d’ailleurs. L’expérience des trente dernières années montre qu’il n’y a pas de garantie d’insertion. Soyons francs : il y a mieux pour apprendre un travail et avoir le goût de l’esprit l’entreprise que de se retrouver dans une collectivité locale ou dans le milieu associatif. Sans débouché réel, les jeunes signataires de ce genre de contrat n’ont bien souvent pour avenir que de resigner pour un autre type d’emploi aidé ou bien de s’inscrire à Pôle emploi. Ce n’est pas l’avenir escompté.

Petite solution, grand gaspillage

Alors devant ces constats, la réaction du gouvernement est celle de l’autruche : la réalité est connue, mais on regarde ailleurs, on met la tête dans le sable. Michel Sapin, ministre du travail, en première ligne sur ce dossier, fait l’autruche en chef en se justifiant : « ce n’est pas simple d’arriver à trouver des employeurs pour ces jeunes qui ont très peu travaillé, très peu de formation, car il faut les accompagner, les mener vers l’emploi. » Oui, ce n’est pas simple, mais il serait beaucoup plus simple d’alléger les charges et la fiscalité pesant sur les PME-PMI pour les laisser embaucher car il suffit de discuter avec un chef d’entreprise pour comprendre que les gisements d’emplois sont dans son entreprise et celles de ses compères plutôt que dans la fonction publique. Et cela ne coûterait rien aux contribuables. Mais l’autruche en chef semble sourd à ces arguments et il continue : « plusieurs centaines d’emplois d’avenir signés chaque jour, pour chacun de ceux-là, c’est déjà une petite solution. » Voilà donc les deux mots qui résument la politique de l’emploi du gouvernement : « petite solution ». Et comme l’ensemble des emplois aidés coûterait 5 milliards d’euros aux contribuables, on serait tenté de dire : petite solution, grand gaspillage…

En attendant les emplois aidés vont aider à diminuer – petitement – les statistiques du chômage : ils auront au moins une utilité politique pour quelques ministres cyniques. Mais les jeunes souffriront toujours du chômage : selon les statistiques ils sont 25,7% à être sans emploi. Mais leur souffrance se transformera vite en exaspération quand ils comprendront que d’une part ces contrats ne sont que du pis-aller subventionné sans débouché et que d’autre part il ne faut rien attendre de l’Etat si l’on veut avoir un vrai travail. Le temps perdu dans ces petits boulots étatiques crée de faux espoirs et fait perdre de l’énergie et du temps à une jeunesse qui mérite mieux.

Jean de Selzac

Avec Contribuables Associés, luttez pour la réduction des dépenses publiques, car trop de dépenses publiques c'est trop d'impôts, et contre les gaspillages scandaleux d'argent public !

Publié le mercredi, 13 mars 2013

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