Le Conseil d’État constate que les attentes des usagers et l’action publique ne sont plus synchrones

Écrit par Jean-Baptiste Leon
Défiance-caméra-Conseil d'Etat © hermiston / flickr

Seuls 28% des Français font confiance au gouvernement, contre 41 % en moyenne dans les pays de l’OCDE, déplore la plus haute juridiction administrative française.

En février dernier, une enquête du Cevipof qui mesure périodiquement l’état de confiance de la population, indiquait pour sa part que 72% des sondés ne font pas confiance au gouvernement, 68% d’entre eux se défiant même de l’institution présidentielle.

Les raisons de ce divorce sont dus à plusieurs facteurs dont une action publique en zig-zag.

Parmi les éléments à charge contre un « État stratège » peu clairvoyant, le Conseil d’État cite notamment la piètre anticipation de la démographie médicale et les volte-face en matière d’énergie nucléaire.

Bien que saluée par une majorité d’usagers, la numérisation administrative a laissé les personnes fragiles sur la touche.

Pour cette frange de la population, l’accès à l’administration s’est transformé en une course d’obstacle hérissée de pieux informatiques.

Parmi les 12 propositions qu’il font pour améliorer la donne, les conseillers d’État recommandent de sortir du 100 % numérique en renouant avec l’accueil téléphonique et physique, et à accompagner ceux qui ne rentrent pas dans les cases, tout en simplifiant le jargon administratif.

D’autant que l’administration française a la faculté de créer des usines à gaz si rébarbatives qu’elles dissuadent parfois leurs bénéficiaires potentiels d’y recourir.

Parmi les exemples fournis par le Conseil d’État, on trouve le chèque énergie qui n’est pas utilisé dans 1 cas sur 5, faute d’usage compris par les usagers.

Ce phénomène de « non-recours » peut atteindre 20 % à 30 % pour certaines prestations, d’après les estimations effectuées par certains chercheurs, alerte le Conseil d’État.

L’instance administrative suggère aussi d’endiguer le déferlement de normes, toujours plus nombreuses, toujours plus tatillonnes.

En 2002, l’administration produisait 162 000 nouveaux règlements. Aujourd’hui, c’est 262 000 par an !

Publié le lundi, 11 septembre 2023

2 Commentaires

  • Lien vers le commentaire jamas samedi, 16 septembre 2023 Posté par jamas

    La puissance publique est omnisciente, et surtout hypertrophiée. Résultat : elle s'occupe de tout, et en fait de rien. Et au final elle a tendance à faire tout...mal. Sans parler des dettes publiques qui s'accumulent car il faut bien financer le saupoudrage public généralisé.
    Il faut recentrer les affaires publiques sur l'essentiel, par exemple le régalien pour l'Etat, supprimer tout le connexe, et un bon nombre de structures parapubliques subventionnées excessivement.
    Cela, étant,
    Qu'on arrête de taper tout le temps sur l'état, qui ne fait pas ceci ou cela correctement. C'est vrai l'état ( je parle de l'état seul, pas de la puissance publique au général) veut tout chapeauter et c'est un tort. Mais l'état, c'est aussi notre patrimoine commun : il faut le défendre si tant est qu'il sache se cantonner à l'essentiel. Sinon on va à vau l'eau.
    Un Etat recentré et non vilipendé à tous les coins de rue par le français qui critique tout : voilà un bonne ligne de conduite !

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  • Lien vers le commentaire Florenceroussau mardi, 12 septembre 2023 Posté par Florenceroussau

    Les Français restent fidèles au credo cartésien : ils doutent de tout, y comprise des "élites", payées pour les trahir. Juste du bon sens.

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