Les contribuables vont faire un nouveau chèque de 100 milliards d’euros à la SNCF

Écrit par Alexis Constant
sncf-argent-public © Alexandros Michailidis / Shutterstock

Après avoir effacé 35 milliards d'euros de dette entre 2020 et 2021, Matignon veut débloquer 100 milliards supplémentaires pour perfuser l’entreprise ferroviaire qui entame sa 2e grève de l’année.

 

L’embellie aura été de courte durée: en 2022, la SNCF a dégagé un résultat net de 2,4 milliards d'euros, mais la hausse de l’électricité et le mouvement de grève qui (re)démarre le 7 mars pourraient à nouveau plomber les comptes en 2023.

Ces grèves à répétition sont une véritable termite financière. Pour mémoire, la grève déclenchée en décembre dernier a coûté environ 100 millions d'euros à la SNCF, selon le ministère des Transports, Clément Beaune.

 Jean-Pierre Farandou, actuel PDG, estimant pour sa part à 1 milliard d’euros le coût du conflit à rallonges de la fin 2019 (17 jours de grève).

Comme si de rien n’était, Elisabeth Borne, Première ministre, a récemment déclaré que l’État qui détient intégralement la SNCF (capital incessible) allait s'engager à ses côtés. Environ 100 milliards d'euros devraient être mobilisés d'ici 2040, dont environ 20% fournis par l’UE.

Si les détails de ce plan sont encore nébuleux, on connaît sa justification idéologique : après avoir " libéralisé " le transport de passagers en autocar longue distance (2015), le gouvernement est aujourd’hui décidé à freiner les déplacements routiers.

Il va donc lever le pied sur les extensions du réseau (par exemple les contournements autour des villes), taxer le transport aérien et faire la part belle au rail pour obtenir une « décarbonation » des transports.

A court terme, le plan Borne prévoit une rénovation des voies ferrées françaises.

Elle représentera 1 milliard d'euros par an ; 500 autres millions d'euros iront à la modernisation des infrastructures. Ces sommes s’ajouteront aux 2,8 milliards d'euros déjà dépensés chaque année pour l’entretien des voies ferrées.

 

Des RER des RER dans 10 grandes métropoles régionales

 

Elisabeth Borne a aussi annoncé son intention de développer des RER dans 10 grandes métropoles régionales à l’instar du RER parisien. Ce projet fera peser une partie de l’effort financier sur les contribuables locaux. Certains élus s’en inquiètent déjà.

Dans les colonnes du Figaro, Philippe Tabarot, sénateur LR des Alpes-Maritimes, appelait il y a quelques jours à « la vigilance sur le mode de financement, au regard du reste à charge (…) qui repose pour une très grande majorité sur le dos des collectivités locales (…) ».

La densification des TER locaux laisse d’autant plus sceptique que les expériences pilotes sont un fiasco.

En Alsace, le réseau express métropolitain européen (REME) inauguré fin 2022 suscite tollé sur tollé tant les suppressions de trains et les retards incessants aux heures de pointe sont monnaie courante.

Une pétition dénonçant la piètre qualité de service des TER desservant la ligne Nancy-Metz-Luxembourg a été lancée par les voyageurs. Elle a déjà été signée par des milliers d’usagers.

Le énième plan de développement de la SNCF aura aussi pour conséquence de creuser un passif plus profond que le tonneau des Danaïdes.

L’amélioration des comptes constatée l’année dernière doit beaucoup à l’aide de l’État-actionnaire qui a accepté d’effacer la dette de l’entreprise : 25 milliards d'euros ont été absorbés par l’État en 2020 (avec la bénédiction de Bruxelles) ; puis 10 milliards d'euros supplémentaires en 2021 grâce à la mise en place d’un mécanisme de prêts miroirs entre SNCF Réseau et la Caisse de la Dette Publique (CDP).

Ces tombereaux de milliards d'euros injectés au fil des ans ont été investis sans que le climat social s’améliore à la SNCF : grèves massives en 1947 (hausse des salaires et plan Marshall), en 1953 (statut et retraites des fonctionnaires), en mai 1968, en 1995 (retraites et révision du statut), en 2010 (effectifs et avenir du fret), en 2016 (conditions de travail), en 2018, 2019, etc.

Inutile de chercher un millésime sans grève à la SNCF : les usagers n’ont pas eu une année de répit depuis… 1947 !

Publié le mardi, 07 mars 2023

5 Commentaires

  • Lien vers le commentaire Kovac vendredi, 10 mars 2023 Posté par Kovac

    Cela fait des dècénies que les français mettent la mains à la poche pour la SNCF jamais dans le privé cela arriverai les entreprises auraient été obligées de déposées le bilan chez eux grand week end début de vacance et réforme égal gréve alors qu'ils sont les premiers et les plus jeunes français à etre en retraite .Et pas des pensions à 1100 e

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  • Lien vers le commentaire fabrice vendredi, 10 mars 2023 Posté par fabrice

    Je pense que botifard n'est pas dans le bon sens. Privatiser la SNCF n'apporterait rien à l'affaire, au contraire. Comme je le dis dans un autre message, je ne suis pas cheminot, ni encarté politiquement ou syndicalement. La privatisation déboucherait sur la vente à une entreprise étrabgère qui ne ferait que prendre le bon et ensuite d'abandonner l'épave. Cela obligerait l'état à reprendre et à investir 1000 fois le prix de la vente, si ce n'est plus. La seule chose à faire je crois, c'est de supprimer RFF, ou ce qu'est devenue cette structure, et d'aider la SNCF à se remettre debout. Il faudra metre à sa tête un vrai patron qui saura diriger et conserver cet outil indispensable au pays. Il faut aussi et surtout que l'état cesse de se servir dans les caisses de cette entreprise publique.

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  • Lien vers le commentaire fabrice jeudi, 09 mars 2023 Posté par fabrice

    Je ne suis pas cheminot, je le précise pour qu'il n'y ait pas de doutes. Mais si la SNCF doit être subventionnée, c'est beaucoup à cause de la séparation des trains et des rails, c'est à dire de la création de RFF qui est propriétaire des rails et fait payer, très cher, la SNCF pour y faire rouler ses trains. L'argent de RFF va dans les caisses de l'état, qu'il vienne perfuser le malade qu'elle a créé est un peu normal. Surtout quand on voit comment est géré RFF (qui a changé de nom je crois). J'ai eu à faire avec cette société qui dispose d'un patrimoine foncier énorme. Je travaillait à la recherche et l'acquisition de foncier pour la construction de logements sociaux. Les gens de RFF ne refusaint pas de vendre des terrains, mais l'acquéreur devait payer tous les travaux nécessaires pour les dépolluer, pour démonter les installations qui s'y trouvaient et les prix étaient décidés par eux ! RFF a été créé pour faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'état car la SNCF ne faisait pas payer le prix de son foncier quand on achetait un billet. Depuis la séparation, les sommes versées par la SNCF pour utiliser les rails doit être pris en compte dans le prix du billet, ce qui fait une augmentation forte mais totalement suffisante car les prix des billets seraient beaucoup trop chers. Alors il y a un manque à gagner qui est renfloué par l'état qui se remplit les poches avec RFF. Ce n'est pas tout, mais c'est une des principales raisons. Il faut cesser de taper sur les syndicats, je précise aussi que je ne suis ni encarté dans un parti, ni dans un syndicat.

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  • Lien vers le commentaire vasseur jeudi, 09 mars 2023 Posté par vasseur

    Favoriser le rail, alors que EDF est à la ramasse et que le coût de l'électricité est démentiel , si t'as pas fait l'ENA tu peux pas comprendre. Ce que je comprends c'est que nous con...tribuables nous payons les erreurs des politiques !

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  • Lien vers le commentaire botifard mercredi, 08 mars 2023 Posté par botifard

    Tant que cette société n'aura pas été privatisée, tant qu'il ny aura pas de concurrence réelle, la SNCF ruinera les contribaubles jusqu'ao dernier centime. Marre de raquer alors que je prends jamais le train !

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