Emmanuel Macron vante une stabilité fiscale en trompe-l’œil

Écrit par Henri Dumaine
emmanuel macron © Victor Velter / Shutterstock

Au-delà des effets de manche, la charge fiscale pesant sur les épaules des contribuables augmente chaque année via les prélèvements directs ou les cotisations sociales.

Si Matignon ne parle plus de l’allègement de 2 milliards d’impôts promis aux classes moyenne en 2025, l’Élysée promet que l’effort demandé aux contribuables ne s’alourdira pas.

« On garde le cap et on ferme tout de suite l'hypothèse de dire qu'on va régler ce choc conjoncturel par plus d'impôts », a affirmé le chef de l’État.

On peut s’interroger sur la qualification de « conjoncturel », lorsqu’un pays affiche 3 100 milliards de dette et la dépense publique la plus élevée de l’UE.

Et s’interroger sur la réalité du gel de la fiscalité vantée par le Président alors que les prélèvements obligatoires représentaient déjà 43,5% du PIB en 2023.

Le Figaro s’est livré à un exercice consistant à vérifier si les promesses de l’exécutif sont en phase avec le montant du chèque que les Français adressent au fisc.

Conclusion : les promesses n’engagent que ceux qui les croient et la pression fiscale continue de progresser de façon insidieuse.

Exemple : les seuils du barème de l'impôt sur le revenu ont été relevés de + 4,8% cette année alors que le taux officiel d’inflation était de 4,9% en 2023 (données de l’INSEE).

Soit un différentiel de 0,1%. Tous ceux qui ont enregistré une hausse de salaire supérieure à 4,8%, paieront plus.

La situation est encore pire pour les contribuables concernés par l’Impôt sur la Fortune Immobilière qui se déclenche lorsque la valeur du patrimoine dépasse 1,3 million d'euros.

Depuis 2013, le barème de feu l’ISF puis celui de l’IFI ne sont plus indexés sur l’inflation, ce qui prive les propriétaires d’un amortisseur patrimonial bien qu’ils ne soient pas responsables de l’emballement des prix.

Parmi les exemples cités par Le Figaro, la prolongation (10 années supplémentaires) de la Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES) qui a été créée en 1996 pour éponger les dettes de la Sécu.

Cet impôt qui devait disparaitre en 2024 se manifeste par une taxe de 0,5 %. Elle grignote tous les revenus encaissés par des particuliers, à commencer par les salaires.

Bonneteau. Même déconfiture au niveau de la fiscalité locale. La suppression de la taxe d’habitation s’est traduite par l’alourdissement pendulaire de la taxe foncière.

Elle a progressé d’au moins 3,9 % en 2023 en raison de la revalorisation forfaitaire des valeurs locatives servant de base à son calcul.

S’y ajoutent les hausses de taux infligées par les communes et les intercommunalités. A Paris, la facture globale a notamment bondi de 62,7% en 2023.

Avec la baisse des transferts financiers de l'État aux collectivités territoriales (5,7% du PIB 2023), ces ponctions locales pourraient encore augmenter même si la perspective des élections municipales assagit la donne.

Publié le lundi, 15 avril 2024

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