Plateforme « En avoir pour mes impôts » : une nouvelle consultation des Français pour rien ?

Écrit par Fabrice Durtal
impôts-fiscalité © freepik

Plutôt que de proposer aux 16,5 millions de foyers imposables à l'impôt sur le revenu de choisir dans quelles dépenses publiques tailler pour alléger la pression fiscale, Bercy cherche à brouiller les cartes.

 

Voici quelques jours, l’ancien socialiste Gabriel Attal, ministre de l'Action et des Comptes publics depuis 2022, a annoncé la création d’une plateforme en ligne permettant aux contribuables de voir « comment leurs impôts sont dépensés aujourd'hui ».

La vraie consultation aurait consisté à savoir comment faire des économies et réduire le montant des tranches (jusqu’à 45%). Elle n’aura pas lieu.

Pour mémoire, l’impôt sur le revenu a rapporté 77 milliards d’euros à l’État en 2021 et ce montant a progressé en 2022 pour frôler 100 milliards d’euros.

Baptisée « En avoir pour mes impôts », cette opération promet de fournir un état des lieux détaillé de la dépense publique financée par l’impôt sur le revenu.

Y compris, dans les domaines d'intervention de l'État et des autres administrations publiques.

Une déclinaison locale devrait également permettre d’identifier les réalisations que l’impôt finance à l’échelon départemental.

Le mot « économie » n’est pas utilisé une fois.

Alors que c’est à la représentation nationale qu’il appartient de déterminer les choix budgétaires du pays, Bercy promet également une consultation directe, afin que chaque contribuable indique à quoi il souhaiterait que le montant de ses impôts serve.

A l’image du « Grand débat national » lancé à la suite de la crise des Gilets jaunes et dont les conclusions ont été enterrées, Bercy assure que ces « remontées d'idées » seront prises en compte lors des choix budgétaires.

«Au fond s'est installé chez beaucoup de Français le sentiment qu'ils n'en ont pas toujours pour leur argent», reconnaît Gabriel Attal.

Plateforme pour les contribuables : un effet de manche ?

L’initiative du gouvernement fait suite aux recommandations du conseil des prélèvements obligatoires (CPO) qui, début 2022, recommandait déjà une plus grande transparence dans l’affectation des recettes de l’impôt, notamment en matière de fiscalité verte.

En février 2022, le CPO, rattaché à la Cour des comptes, a publié un sondage témoignant du ras-le-bol fiscal : 75 % des Français trouvaient alors le niveau des impôts excessif, 73 % des sondés se déclarant hostiles à une énième augmentation.

La France est le pays européen où l’on paie le plus d’impôts après le Danemark.

En 2021, Selon le site Fipeco, le taux des prélèvements obligatoires atteignait 45,1% du PIB, soit 4,4 points de plus que dans le reste de l’UE et 4 points de plus qu’en Allemagne.

Résultat, le jour de libération fiscale, c’est-à-dire le jour où les ménages arrêtent de travailler pour alimenter la sphère publique est de plus en plus tardif : selon le baromètre de Contribuables Associés, il a fallu attendre le 9 août pour que les chaînes tombent en 2022, alors qu’un pays comme l’Irlande était libéré dès le 3 avril !

Publié le lundi, 17 avril 2023

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