Quand la ville de Nice fait peau neuve aux frais du contribuable

Écrit par Henri Dumaine
ville-nice @ ArtMediaFactory / Shutterstock

Bien qu’elle soit dans une situation financière difficile, la Ville de Nice s’est lancée dans la construction d’une longue coulée verte, un projet cyclopéen dont le coût est au bas mot estimé à 75 millions d’euros.

Après le Théâtre national de la Ville, réduit en poussière, les mâchoires mécaniques à double broyeur des engins de chantier sont en train de démolir ce qui reste du centre d’Acropolis, le Palais des congrès niçois surnommé le « paquebot ».

Objectif, allonger la promenade du « Paillon », du nom de ce fleuve longeant la vieille ville, jusqu’à la Méditerranée.

 Prévu jusqu’à fin 2025, ce chantier devrait coûter 75 millions d’euros aux Niçois.

Les bâtiments, qui font obstacle au déroulé de ce « parc urbain » conçu par le paysagiste Michel Péna, sont livrés aux pelleteuses.  

« On casse tout. Des millions d’euros partent en fumée pour satisfaire ce projet urbain dévorant, sans respect pour l’environnement culturel niçois. Je suis scandalisée », commente Claudine Loescher, une habitante de la Cité des Anges.

Des destructions coûteuses et qui interrogent

Si la démolition du Théâtre national de Nice a suscité la colère du monde culturel, celle d’Acropolis y superpose des interrogations économiques et fiscales. 

L’opposition municipale à Christian Estrosi, maire de Nice, se demande comment la Ville va organiser des colloques alors qu’elle détruit son centre des congrès sans même attendre qu’un nouveau bâtiment, situé près du port, sorte de terre (2025).

Près de 300 000 euros avaient pourtant été investis dans le « paquebot » (2019) afin d’y installer le wifi. Au final, sa démolition coûtera 10 millions d’euros à la Ville. 

Un autre Palais des congrès (200 millions de budget) est en cours de construction dans la plaine du Var. Cet équipement devait être livré en 2025. La livraison devrait finalement s’effectuer à horizon 2028. 

Autre poste de dépense important : le Musée d’art moderne et d’art contemporain de Nice est fermé pour 4 ans pour « répondre aux enjeux d’un musée du XXIe siècle ».

Coût de ce chantier : au moins 8 millions d’euros (dont 50% financé par la Région). 

La structure va s'agrandir de 400 m². Lorsque ses portes s’ouvriront à nouveau, elle devrait être noyée dans une « forêt urbaine » de 20 hectares qui poussera d’ici décembre 2025, toujours en lien avec l’allongement de la promenade Paillon.

Pour financer ces folies urbaines : taxes et endettement

De leur côté, les contribuables cherchent à calculer l’impact que ces travaux pharaoniques auront sur les impôts locaux.

En 2023, la taxe d’enlèvement des ordures ménagères a été revalorisée (de 8,46% à 10,46%).

Une taxe de 8 euros sur la gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (GEMAPI) a également vu le jour.

En 2024, le conseil municipal a voté une augmentation de 19,2 % du taux de la taxe foncière (en plus des 4% d'augmentation des bases décidée par l'État). La taxe d'habitation sur les résidences secondaires atteint également des sommets.

Selon Éric Ciotti, député de la 1re circonscription des Alpes-Maritimes qui qualifie l’extension du Paillon de « projet coûteux et démentiel », les caisses de la Ville sont à sec, mais elle opte malgré tout pour de gigantesques travaux. 

Au programme, 8 000 m³ de terre importées, plantation de 1 600 arbres, 6 000 arbustes et 50 000 plantes, création d’un miroir d’eau, d’un belvédère, de 128 jets d’eau, d’un "plateau des brumes", etc. 

« Alors que d'un côté, on dépense sans compter, de l'autre, on prélève le contribuable niçois pour combler les trous que monsieur Estrosi a creusés. C'est totalement révoltant », estime le président des Républicains.

Selon l’Argus des communes 2024, la gestion municipale de la ville de Nice est « mauvaise ». La ville est trop dépensière (note de dépense 5,2/20) et sa santé financière précaire (10/20). 

Publié le mercredi, 24 avril 2024

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