Réforme des retraites : le secteur public conserve ses privilèges

Écrit par Alexis Constant
retraités fonction publique © Roman Samborskyi / Shutterstock

Loin de placer public et privé sur un pied d’égalité, la réforme des retraites entérine le bonus avec lequel est calculée la pension des fonctionnaires comme son éventuelle réversion.

 

Présentée en Conseil des ministres le 23 janvier 2023, puis examinée au Parlement au début du mois de février, le projet de réforme en cours perpétue le bonus dont bénéficient les fonctionnaires quand il s’agit de calculer leur pension de retraite.

À priori on pouvait s’attendre à ce que l’État harmonise les règles du jeu, ne serait-ce que pour renflouer le régime spécial de la fonction publique, déficitaire, et dont le trou est comblé chaque année avec des « subventions d’équilibre ».

Maintenir le régime des retraites d’État à flot

L'État s'est engagé à verser au fil des années la coquette somme de 2 770 milliards d'euros de pensions à son personnel, ce montant se décomposant entre 1 310 milliards destinés aux inactifs et 1 460 milliards promis aux futurs retraités.

Contrairement à des régimes bien gérés comme l’Agirc-Arrco (60 milliards d'euros de réserve), l'État n'a rien mis de côté pour honorer ses engagements.

Résultat, chaque année, 33 milliards d’argent public sont injectés pour maintenir le régime des retraites d’État à flot.

L’État accepte notamment de payer les cotisations retraite de ses agents à hauteur de 85% de leur traitement brut contre environ 28% dans le privé.

La réforme en cours ne change pas le calcul de la pension servie aux fonctionnaires quittant la vie active.

Alors qu’elle est basée sur la moyenne des 25 meilleures années de carrière dans le privé (l’ensemble de la carrière pour l’Agirc-Arrco), ce sont le 6 derniers mois qui sont retenus dans le public.

Un mode de calcul a priori plus avantageux puisque c’est en fin de parcours que les salariés atteigne leur zénith professionnel avec la rémunération qui l’accompagne.

Cette façon de faire est particulièrement intéressante pour les hauts fonctionnaires.

Une récente étude de la Dress (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) a récemment calculé le montant de retraites qu’aurait obtenu la génération de ronds-de-cuir recrutée en 1958, si les règles du secteur privé lui avait été appliquées.

Elle révèle que 32% y auraient laissé des plumes, les hauts fonctionnaires perdant le plus (5% des pensions reculant de plus de 20%).

Autre dossier sur lequel la réforme présentée par Elisabeth Borne fait l’impasse : le montant des réversions, c’est-à-dire la somme versée au conjoint survivant après un décès.

Pensions de réversion : une inégalité flagrante

Initialement, les conditions devaient être harmonisées entre public et privé pour des raisons d’équité. Cela ne devrait finalement pas être le cas.

Là aussi, les fonctionnaires bénéficient d’un avantage substantiel : si les salariés du privé bénéficient d’un taux de réversion supérieur (54% pour le régime de base, 60% pour les régimes complémentaires) à celui du public (50%), son versement est conditionné à un montant de ressources.

Ainsi, si le conjoint survivant gagne plus de 23 441 euros (en 2023) et vit seul, il ne recevra rien de la part de la CNAV (Caisse nationale d'assurance vieillesse) alors qu’il n’y a aucun plafonnement dans le public.

Cette différence pénalise les classes moyennes-supérieures employées dans le privé.

Fabrice Durtal

 

Publié le mardi, 17 janvier 2023

31 Commentaires

  • Lien vers le commentaire Alex Dumey vendredi, 27 janvier 2023 Posté par Alex Dumey

    En réponse à TB. Pourquoi les fonctionnaires s'opposent à la réforme puisqu'elle ne les concerne pas? Rien ne bouge pour eux. Il faut donc chercher ailleurs leur motivation. Celle que je retiens est celle du 3 ème tour permanent. Certains présidents n'étaient ou ne sont pas ceux souhaités par les syndicats, pour la majorité d'entres eux affiliés à des partis politiques (ou de sensibilité) Le 3ème tour (antidémocratique puisque refusant l'opinion de la majorité)de la rue étant l'unique moyen de faire valoir une idéologie rejetée par la majorité. Souvenons nous du discours de Georges Séguy, secrétaire de la CGT, après l'élection de Giscard d'Estaing( qui n'était vraiment pas mon candidat!!!):" nous ferons tout pour qu'il n'aille pas au bout de son mandat". Discours qui ,depuis, aurait pu être tenu par bien des politiques et syndicalistes de ce coté et de l'autre coté de l'Atlantique. Pauvres démocratie et république jusqu'à quand allez-vous pouvoir tenir?

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  • Lien vers le commentaire DEJOUX Gabriel vendredi, 27 janvier 2023 Posté par DEJOUX Gabriel

    Nous sommes dirigés par des incompétents qui ne pensent qu'à leurs carrières. Entre le privé et le public, 2 poids 2 mesures, que ce soit EDF, GDF, SNCF, les hauts fonctionnaires de Bercy, les députés, les sénateurs, les membres du conseil constitutionnel, tous ces fonctionnaires ne pensent qu'à préserver leurs privilèges, protégés par des syndicats dont certains sont coutumiers du fait, de prendre les français en otages. En outre une chose est certaine, la pénibilité du travail n'est pas de leur ressort. La pilule est difficile à avaler. Situation ubuesque qui défie la logique, et la justice sociale.

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  • Lien vers le commentaire Zobul vendredi, 27 janvier 2023 Posté par Zobul

    Cet article est intéressant mais inexact sur le fond.
    Pour les Fonctionnaires, il n’existe ni Caisse de retraite ni Régime ! C’est bien là le vrai problème.
    Les salaires comme les retraites sont payés par le budget de l’Etat. Donc par les impôts et la Dette. Les cotisations des salariés ne sont que des retenues sur salaire , elles n’alimentent aucune Caisse. Les «cotisations patronales » sont bidon.
    Personne ne connaît la réalité économique du système de retraites des fonctionnaires.
    Commençons donc par mettre en place une vrai Caisse avec des Ressources (cotisations) et des Emplois (retraites). Juste cette petite réforme, ça peut se faire sans grève pour une fois . Mais on verra alors la réalité du déficit de ce régime. Et on arrêtera peut-être de réformer constamment le Régime du Privé parce qu’on n’a pass le courage de réformer du côté du Public. Il y a bien plus à gagner pour l’équilibre des Comptes Publics a adresser ce problème majeur (sur lequel l’Union Européenne nous blâme avec récurrence) que de modifier constamment les règles en défaveur du Privé. Mais le problème courage politique manque (depuis 1995 et Juppé/Chirac) car il est bien connu que nos syndicats manipulent les salariés du Privé pour défendre surtout les avantages du secteur public. (Tout en étant grassement subventionnés par nos impôts)

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  • Lien vers le commentaire VIGNELLO vendredi, 27 janvier 2023 Posté par VIGNELLO

    Tous les citoyens naissent et demeurent libres et égaux en droit SAUF EN FRANCE DU STATUT PUBLIC

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  • Lien vers le commentaire Super-Retraité jeudi, 26 janvier 2023 Posté par Super-Retraité

    Voir magazine Challenge du 12/01/2023 à la page 23.
    La caisse des IEG (régime spécial pour les agents EDF/GDF, ++) reçoit 1,7 Md/an de l'état (= nos impôts) pour être à l'équilibre.
    Et celà pour 140 000 pensionnés.
    Soit 12000€/an ou 1000€/mois.

    Alors qu'en moyenne ils ont des retraites de 2000€ à 3000€ et plus /mois et paient 10% de leur facture de Gaz et Electricité.
    Salaire d'un technicien EDF en fin de carrière = 4000€ brut * 15 mois (13 + participation + intéressement + primes ++)

    Donc il y a moyen de taper dans la poche des retraités aisés ( > 3000 de pension)

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  • Lien vers le commentaire BREIZ jeudi, 26 janvier 2023 Posté par BREIZ

    Bonjour,
    Il y a bien "égalité" dans notre devise???? Il n'y a pas plus inégalitaire que les régimes spéciaux, au nom de quoi le travail dans le privé n'a pas la même valeur que dans le public!!!! Evidemment qu'il faut mettre tout le monde sur le même pied, c'est une question de justice. Comment peut-on être en désaccord avec ça . Après il y a des spécificités à prendre en compte (le travail pénible etc....)Et tous ces députés, sénateurs, ministres au nom de quoi ils ont un régime plus que avantageux, La France est un drôle de pays!!! irréformable et ce n'est pas comme ça que l'on prépare l'avenir, et c'est bien dommage.

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  • Lien vers le commentaire THOMAS jeudi, 26 janvier 2023 Posté par THOMAS

    Pouvez-vous confirmer ou infirmer ?
    le député de mon secteur géographique est un haut fonctionnaire.
    On m'assure que s'il n'accomplit qu'un seul passage à la Chambre des Députés, il obtiendra une retraite mensuelle SS égale à la moitié du plafond SS mensuel de sa date de départ. S'il fait deux cessions il obtiendra 2 fois ce que dit la phrase précédente; à 3 trois fois........... sans oublier que son temps d'absence (normal) dans sa fonction de fonctionnaire sera comptée comme présente pour le calcul de sa pension de fonctionnaire. VRAI ou FAUX ?

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  • Lien vers le commentaire gérard Dauvé jeudi, 26 janvier 2023 Posté par gérard Dauvé

    Bonjour, que donnerait le calcul pour une retraite à 63 ans, pour tous Privés et fonctionnaires ( sauf pénibilités et cas exceptionnels), en tenant comptes des 5 meilleurs années pour tous, avec la fin des promotions injustifiées de fin de carrière chez les fonctionnaires, en particulier à Bercy et au gouvernement (fin des privilèges), aux calculettes ???, actuellement, il serai plus honnête de recouvrir d'un bandeau noir " liberté, égalité, fraternité", que revive Notre FRANCE,

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  • Lien vers le commentaire Fontaine jeudi, 26 janvier 2023 Posté par Fontaine

    Les fonctionnaires ne sont pas favorisés. Après des études longues,leur salaire est la moitié de celui du privé, à études comparables.leur progression de carrière fait que les 25 dernières années sont moins mal payées. Mais leur pension reste la même 20 ans après leur départ. Leurs mutuelles sont ponctionnées régulièrement pour renflouer le régime général. Il faut savoir que les enseignants (qui ne sont pas des "ronds de cuir",car il y a de moins en moins de volontaires !),se paient eux-mêmes leurs vacances: ils sont,à échelon égal, payés 10 mois sur 12,par comparaison avec un membre du ministère du travail, par exemple.
    Ne montez pas les uns contre les autres!c'est bête et cela dénote votre ignorance des réalités.

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  • Lien vers le commentaire Daniel Mallard jeudi, 26 janvier 2023 Posté par Daniel Mallard

    La question des retraites pose, helas plus cruellement, la question du " rapport aux travail " de la société Française !...
    Tout le monde peut constater les gabegies de raisonnement nées des malheureuses " 35h" adoptées il y a déjà...25 ans, soit...1 génération !...
    Quant au calcul des pensions, tous solidaires " public" ou
    " privé " avec 1 seule et MÊME règle !!!
    ...étaient qui s'appliquerait également à notre " brillant" personnel politique!..
    Chiche, messieurs dames ???

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