Agirc-Arrco : l’État veut faire main basse sur l'argent des salariés

Écrit par Jean-Baptiste Leon
retraites-girc-arrco © Shutterstock

L’exécutif se prépare à pomper dans les réserves de l’Agirc-Arrco pour financer la hausse des petites pensions promise lors de la dernière réforme des retraites.

Déshabiller Pierre pour habiller Jacques : le gouvernement veut racler au moins un milliard d'euros dans les réserves du privé pour financer la revalorisation des petites pensions.

Pour honorer cette promesse élyséenne, le gouvernement aurait pu utiliser le fonds de réserve pour les retraites (FRR) créé à cet effet en 1999 avec l’objectif de cumuler 150 milliards d'euros à horizon 2020.

Mais l’Etat est un piètre gestionnaire et ce fonds a été détourné de son objectif initial, l’État puisant dedans pour financer ses charges.

Au final, le FRR ne représentait que 26 milliards d'euros à la fin 2021, selon le Conseil d'orientation des retraites.

D’après la CGT, l’exécutif, à cran, envisagerait une ponction se situant dans une fourchette comprise entre 1 milliard et 3 milliards d’euros par an.

Cette tentative fait encore l’objet d’âpres pourparlers dans le cadre de la négociation du nouvel accord-cadre pour la gestion de l'Agirc-Arrco sur la période 2023-2026 s’achevant le 4 octobre 2023.

S’il a lieu, ce grand siphonnage fragilisera un régime géré au cordeau par les partenaires sociaux et dont dépendent 13 millions de retraités.

Dans un premier temps, l’État annonce qu’il fera main basse sur une partie des excédents que la gestion de l’Agirc-Arrco dégage chaque année (5,1 milliards d'euros en 2022) en faisant travailler les cotisations de 26 millions de cotisants sur les marchés financiers.

Un gain que les partenaires sociaux préféreraient utiliser pour revaloriser les retraites complémentaires plutôt que pour améliorer le montant de petites pensions dont ils n’ont pas la charge.

Dans un second temps, les réserves évaluées à 69 milliards d'euros (6 mois de versement des retraites) sont menacées.

L’épaisseur de ce bas d’or peut sembler considérable. Ce n’est pas le cas.

Tous les régimes de répartition bien gérés disposent de réserves substantielles. Elles représentent en moyenne 14% du PIB dans les pays de l'OCDE contre seulement 7% en France.

Destiné à amortir les coups durs, c’est ce parachute financier qui a, par exemple, permis à l'Agirc-Arrco de faire face au choc du Covid en 2020.

Ce n’est pas la première fois que l’État essaie de faire main basse sur les réserves du privé.

En 2020, l’exécutif a notamment d’utiliser l'Urssaf pour collecter les cotisations du privé, mais il a dû reculer devant la bronca des partenaires sociaux et encore en ce début d'année face à l'opposition du Sénat.

Cette fois l’État pourrait utiliser le projet loi de financement de la Sécurité sociale pour rafler la mise si les partenaires sociaux refusent de passer sous ses fourches caudines.

Publié le mardi, 03 octobre 2023

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