« Matraquage fiscal : les propriétaires vont encore trinquer ! » [Tribune de Benoît Perrin dans le JDD]

Écrit par Contribuables Associés
Tribune-JDD © capture d'écran site internet du JDD

Avec la suppression de la taxe d'habitation, les locataires ne contribuent plus au budget des communes, au contraire des propriétaires qui voient leurs impôts fonciers augmenter. Pour Benoît Perrin, directeur de Contribuables Associés, la politique fiscale de l’État s'en prend à l'immobilier des Français, alors qu’elle devrait s’employer à réduire les dépenses publiques.

Benoit Perrin" C’est une antique et triste tradition française qui perdure. Les propriétaires servent de variable d’ajustement (comprendre : de vaches à traire), lorsque les pouvoirs publics ont besoin d’argent. Plutôt que d’identifier et de faire cesser les dépenses farfelues pour faire des économies, ce que chaque personne un peu responsable sait faire de temps en temps, l’Etat et les collectivités préfèrent s’en prendre à l’immobilier des Français. 

La taxe foncière est arrivée et, pour beaucoup de contribuables concernés, la note est douloureuse. En effet, s’ajoute à l’augmentation des valeurs locatives de 7,1% que le gouvernement n’a pas voulu remettre en cause, celle des collectivités elles-mêmes, dont les plus grandes n’ont pas hésité à faire exploser les compteurs : + 14% à Metz, + 25% à Grenoble, + 52 % à Paris. Pour les retraités qui ont pris le risque d’acheter un studio et de le mettre en location pour augmenter leur faible retraite, le pire est à venir : avec la suppression de la taxe d’habitation pour les résidences principales, ils seront les seuls à financer les services publics de la commune… sans en bénéficier. Les locataires/électeurs déconnectés fiscalement de la vie locale auront tendance à exiger à leurs édiles encore davantage de prestations, ce qui alourdira encore plus les impôts locaux.

Rappelons que les bailleurs sont soumis à une fiscalité des revenus fonciers dissuasive car non éligible au prélèvement forfaitaire unique de 30% réservé aux placements financiers. Agonis d’impôts, les détenteurs de biens immobiliers répercuteront probablement ces hausses sur les loyers. Quitte à supprimer un impôt local, c’est à la taxe foncière qu’il aurait fallu s’attaquer ! Les plus gros patrimoines s’acquitteront aussi de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui rapporte à l’Etat près de 2 milliards d’euros, soit une goutte d’eau sur les 450 milliards de recettes en 2022. Là encore, un impôt qui répond à une logique idéologique et non financière. Par pudeur, nous n’évoquerons pas les autres impôts additionnels (taxe d’enlèvement des ordures ménagères, de balayage, d’équipements, …).

Taxer ne suffit pas à notre administration. Il faut aussi contraindre. Les normes sont à l’administration ce que les process (imposés par les fonctions supports) sont à la grosse entreprise : leur raison d’exister. Depuis le 24 août 2022, le nouveau diagnostic de performance énergétique (DPE) interdit aux propriétaires de logements considérés comme « passoires énergétiques » d’augmenter leurs loyers et de louer certains logements dits énergivores depuis le 1er janvier 2023. Les professionnels du secteur estiment que ce sont 2 millions de logements qui seront sortis du marché d’ici 10 ans. Faute d’avoir les moyens de réaliser ces travaux coûteux, les propriétaires vont les vendre ou les laisser vacants. De quoi pénaliser par exemple les étudiants en quête de biens à louer…
Trop de taxes, trop de normes assomment les Français et les entreprises. Pour préserver le pouvoir d’achat des ménages, le gouvernement doit limiter la hausse des bases cadastrales à un pourcentage raisonnable (3 %). Il doit aussi mettre fin au calendrier de déploiement du nouveau DPE. Il n’y a pas de locataires sans propriétaires. Ceux qui ne peuvent acheter leur logement ne doivent pas subir les décisions hasardeuses des pouvoirs publics. Sans ces mesures de bon sens, ce sont tous les Français, bailleurs ou locataires, qui vont encore trinquer."

Retrouvez la tribune sur le site du JDD

Publié le lundi, 25 septembre 2023

Laissez un commentaire

Assurez-vous d'entrer toutes les informations requises, indiquées par un astérisque (*). Le code HTML n'est pas autorisé.

Votre adresse email ne sera pas affichée sur notre site Internet.