L’inceste et les violences sexuelles infligées aux enfants coûtent 9,7 milliards d'euros par an à la collectivité française

Écrit par Henri Dumaine
violence sexuelles-victime-enfant © shutterstock

La Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (Ciivise) chiffre l’ensemble des conséquences d’ignominies dont 1 enfant sur 10 serait victime.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : de 35 à 40% des agresseurs ont subi des violences dans l’enfance, et les font à leur tour subir aux plus jeunes.

On estime que 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année en France et que 5,5 millions d'adultes ont subi ces sévices pendant leur enfance, le plus souvent au sein de leur famille.

La Ciivise, une commission indépendante créée en 2021 par le gouvernement a calculé le coût des conséquences immédiates, mais aussi des dépenses à long terme liées à ces agressions.

L’ensemble de ces agissements coûtent 9,7 milliards d’euros chaque année à la collectivité nationale d’après une enquête (juin 2023) que la Ciivise a confié au cabinet Psytel, spécialisé dans les études de coûts en santé publique.

Sur ces 9,7 milliards, 3 milliards correspondent à des dépenses publiques engagées immédiatement après la découverte d’une agression.

Ces dépenses (État, collectivités territoriales, Sécurité́ sociale) couvrent notamment l’accompagnement des jeunes victimes, les enquêtes de la Police ou de la Gendarmerie ainsi que les frais de justice et la prise en charge médicale immédiate des victimes.

Violences sexuelles : des conséquences multiples

A ce premier niveau de coût, s’ajoute celui des conséquences à long terme sur la santé des enfants, leur vie intime, sociale et professionnelle.

Le cabinet estime à 6,7 milliards chaque année le montant des dépenses induites par ces psychotraumatismes, dont 2 milliards pour les troubles mentaux, 1 milliard pour les consultations médicales, et 2,6 milliards d'euros de dommages liés à des conduites à risque.

S’y ajoute une perte de productivité. Les victimes d’agression sexuelle sont sur-représentées parmi les personnes au chômage ou bénéficiaires des minimas sociaux.

L’enquête évalue cette perte de productivité à 844 millions d'euros.

Pour réduire ce coût, la Ciivise recommande de miser sur la prévention des violences sexuelles (repérage rapide, mise en sécurité de l'enfant...) et de délivrer des soins spécialisés pour estomper les traumatismes qui empêchent les victimes de vivre normalement.

Selon l’association, qui préconise un parcours de soins adapté, les victimes mettent en moyenne entre 10 et 13 ans pour trouver un suivi médical spécialisé en France.

En estimant le coût économique annuel de ces violences sexuelles, la Ciivise affirme contribuer à la prise de conscience de l’ampleur et de la gravité des violences sexuelles faites aux enfants, tout en promouvant une culture de la protection.

A lire également : Un chercheur fait l’état des lieux du coût de la criminalité en France. Les chiffres sont effarants. 

Publié le lundi, 10 juillet 2023

Laissez un commentaire

Assurez-vous d'entrer toutes les informations requises, indiquées par un astérisque (*). Le code HTML n'est pas autorisé.

Votre adresse email ne sera pas affichée sur notre site Internet.