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Education nationale : ce que les contribuables financent réellement

Écrit par Contribuables Associés

Les contribuables financent un système éducatif inefficace, démotivant et inégalitaire.

 

62 milliards d’euros ! C’est le budget annuel de l’Education nationale, un cinquième du budget de l’Etat. Et dans ces 62 milliards d’euros, près de 50 milliards d’euros servent à payer les enseignants. Mais face à cet effort financier comparable voire supérieur aux pays ayant les meilleurs résultats, le succès n’est pas du tout au rendez-vous : « les enquêtes internationales situent la France à un niveau moyen, voir médiocre, par rapport aux autres Etats développés. » Ces mots prononcés le 22 mai 2013 par Didier Migaud, président de la Cour des comptes, lors de la présentation du rapport de la Cour « Gérer les enseignants autrement », ont mis fin à l’omerta éducative française et révélé du même coup que les contribuables financent un système éducatif inefficace, démotivant et inégalitaire.

Elle est le premier employeur de France et à ce titre pèse lourdement sur les finances des contribuables.

L’école républicaine est à l’image de l’Etat : en faillite. Une double faillite : intellectuelle et financière. Le rapport de la Cour des comptes n’est au fond pas une surprise car il ne fait que confirmer ce que tout le monde savait, mais c’est à présent officiellement écrit. Qui plus est sous l’autorité d’un président qui n’est autre qu’un ancien député socialiste, ami de François Hollande.

L’Education nationale est tout sauf un sujet marginal. C’est l’administration la plus importante, elle est le premier employeur de France et à ce titre pèse lourdement sur les finances des contribuables. Le sujet va donc bien au-delà de l’éducation : c’est bien du management de l’argent des contribuables dont il s’agit.

Ce que coûte l’Education nationale aux contribuables

Pour bien comprendre ce que déboursent les contribuables pour l’éducation, qu’elle soit primaire ou secondaire, tant publique que privée – car les enseignants des deux secteurs sont tous rémunérés par l’Etat – sans oublier l’enseignement supérieur public, un tour d’horizon est nécessaire. Cela ne donnera que plus de sens aux remarques de la Cour des Comptes.

Globalement, en 2011, la dépense intérieure d’éducation ce que l’on se monte à 6,9% du PIB, c’est-à-dire à 137,4 milliards d’euros. Selon la définition du ministère de l’Education nationale, cette dépense d’éducation représente « toutes les dépenses effectuées par l’ensemble des agents économiques, administrations publiques centrales et locales, entreprises et ménages, pour les activités d’éducation. » Elle se monte à 8 250 euros par élève ou étudiant, soit une somme de 2 110 euros par habitant.

L’enseignement primaire a bénéficié de 39,6 milliards d’euros soit une dépense moyenne pour un élève du premier degré qui se monte à  5 870 euros en 2011.

L’enseignement secondaire a reçu, toujours en 2011, l’enveloppe de 57,1 milliards d’euros. La dépense moyenne par élève se chiffre donc à 9 660 euros.

Quant à l’enseignement supérieur, 28 milliards d’euros ont été dépensé en 2011. Ainsi la dépense moyenne par étudiant s’élève à 11 630 euros.

Une somme de 2 110 euros par habitant

Ce n’est pas tout. La formation continue doit être prise en compte puisqu’en 2011, ce sont 10 milliards d’euros qui lui ont été consacrés ainsi que 2,7 milliards pour les formations extrascolaires.

N’oublions pas enfin les aides sociales. Il faut savoir que 25% des collégiens et des lycées bénéficie d’une aide de l’Etat : ce sont les bourses. En lycée professionnel, il faut noter que 36,2% des lycéens sont boursiers. Le montant de ces aides est donc de 604 millions d’euros en 2011.

Concernant les dépenses de personnel, le ministère de l’Education nationale déclare qu’en janvier 2012, quelques 1 043 500 fonctionnaires ont été rémunérées pour un total de 49,9 milliards d’euros, soit 17% du budget général de l’Etat.

Parmi ces fonctionnaires 906 500 sont dans le secteur public tandis que 137 000 sont dans le secteur privé sous contrat. Dans le détail, 849 700 de ces fonctionnaires sont des enseignants et 168 800 autres remplissent des postes administratifs, techniques, d’encadrement et d’assistance éducative.

17% du budget général de l’Etat

Que les contribuables ne se laissent pas abuser par les tableaux statistiques qui affichent les parts de dépenses de l’Etat, des entreprises et des ménages. Cette répartition est fallacieuse car l’argent de l’Etat et des collectivités publiques n’est autre que celui des entreprises et des contribuables car, insistons sur cette vérité trop souvent oubliée mais Frédéric Bastiat a clairement formulée : « l’Etat, ne l’oublions jamais, n’a pas de ressources qui lui soit propres. Il n’a rien, il ne possède rien qu’il ne le prenne aux travailleurs », c’est-à-dire chacun d’entre nous. En conséquence, lorsque le ministère de l’Education nationale déclare que 137,4 milliards d’euros sont consacrés à la dépense intérieure d’éducation, il faut comprendre que chaque euro de ces 137 milliards d’euros vient de la poche des contribuables. Cela ne rend que plus choquant ce que dévoile le rapport de la Cour des compte sur l’Education nationale.

Ce que financent réellement les contribuables

Car derrière le satisfecit bon ton que se délivre régulièrement l’Education nationale se cache une réalité peu glorieuse : une gabegie, un gâchis, un gaspillage, bref des milliards d’euros versés pour obtenir… pas grand-chose ou en tout cas un résultat qui nécessiterait moins d’argent. La Cour des Comptes, et donc son président Didier Migaud, est sans pitié avec l’Education nationale.

Les contribuables financent une éducation et une instruction de faible niveau. Ainsi, la Cour considère que « l’éducation nationale ne parvient pas à répondre aux besoins des élèves », précisant que « notre pays se situe au 18e rang de l’OCDE pour la performance de ses élèves ; le système français est un de ceux où le poids des origines socio-économiques des élèves pèse le plus sur les résultats scolaires, et cette situation s’aggrave. » Le mythe selon lequel le système scolaire français est un des meilleurs au monde n’a pas résisté à l’analyse objective.

Des milliards d’euros versés pour obtenir… pas grand-chose

Les contribuables financent un management catastrophique des enseignants. La Cour affirme que l’Education nationale « ne parvient pas davantage à répondre aux attentes des enseignants. » La Cour constate ainsi que « la France connaît une inquiétante crise d’attractivité du métier : en 2011 et 2012, plus de 20% des postes proposés au concours du CAPES externe n’ont pu être pourvus dans six disciplines, dont l’anglais et les mathématiques. » Il est loin le temps des hussards noirs de la République qui étaient considérés comme des notables dans chaque commune de France et qui étaient respectés. Aujourd’hui, on n'est plus enseignant par envie, mais par dépit.

Les contribuables financent des incompétents pour gérer l’éducation de leurs enfants. On entend déjà les syndicats prêts à réciter leur rengaine habituelle en disant qu’ils manquent de moyens, etc. Mais la Cour des Comptes coupe court : ce genre d’argument ne fonctionne pas. Tout d’abord parce que « la France consacre à l’éducation des moyens globaux comparables, voire supérieurs, à ceux de pays qui assurent mieux la réussite de leurs élèves. » Ensuite et surtout parce que « ces résultats insatisfaisants ne proviennent ni d’un excès ni d’un manque de moyens budgétaires ou d’enseignants, mais d’une utilisation défaillante des moyens existants. » La vérité est enfin au grand jour : l’Education nationale ne sait pas manager et c’est son problème majeur.

Les contribuables financent un système éducatif incapable de s’adapter pour répondre aux besoins des élèves. La Cour est directe : « Le ministère de l’éducation nationale ne sait pas mesurer les besoins scolaires des élèves de façon fiable et représentative pour en tirer les conséquences sur les moyens à mettre en œuvre au sein de chaque établissement. Les postes d’enseignants sont répartis sur le territoire selon des critères qui ne caractérisent que partiellement et indirectement les difficultés des élèves. » Il s’agit donc d’une administration aveugle et sans intelligence des problèmes.

Les contribuables financent l’inégalité croissante entre enseignants. La Cour relève que « les règles de gestion créent des effets pervers au détriment des jeunes enseignants et des postes les plus sensibles pour les élèves », précisant que « dans le second degré, 45 % des jeunes enseignants affectés sur leur premier poste le sont dans les deux académies les moins attractives, provoquant par la suite des départs massifs. Le système fonctionne donc au détriment des établissements qui accueillent les élèves les plus fragiles et des enseignants les moins expérimentés. » C’est le seul corps de métier qui envoie les novices dans les zones les plus difficiles tandis que les plus expérimentés exercent dans les établissements faciles. C’est comme si on envoyait la police municipale d’une sous-préfecture combattre Al Qaïda en Afghanistan : c’est ridicule et on court à la catastrophe.

Les contribuables financent des enseignants de plus en plus pauvres. La Cour affirme que « le choix a donc été fait de favoriser le nombre d’enseignants plutôt que le niveau de leur rémunération. » L’enseignant français n’est pas bien payé, souligne la Cour car « la rémunération nette annuelle des enseignants est inférieure de 35 % à celle d’un cadre non enseignant de la fonction publique, essentiellement en raison d’un niveau de primes plus faible. » Ce n’est pas mieux si l’on compare aux autres pays : « les enseignants français gagnent entre 15 et 20% de moins que leurs homologues des États membres de l’Union européenne et des pays membres de l’OCDE, à leur début de carrière comme après 15 ans d’ancienneté. » Or, pour attirer les meilleurs cerveaux, les meilleurs pédagogues, ceux qui savent transmettre et retenir l’élite du savoir, il faut les payer.

Une administration aveugle et sans intelligence des problèmes

Les contribuables financent des enseignants de plus en plus démotivés car sans perspective de carrière. La Cour fait étalage de cette cruelle réalité : « les enseignants, dans leur grande majorité, n’ont pas de perspective de carrière autre qu’une mobilité géographique. A défaut de parcours de carrière se traduisant par une prise de responsabilité progressive, la plupart des enseignants exercent les mêmes fonctions tout au long de leur vie professionnelle. »  Prof tu es, prof tu resteras : sans évolution comment motiver ?

Les contribuables financent le mensonge de l’égalité républicaine. Car la Cour conclut qu’il faut « renverser la logique, issue de la massification de l’enseignement et de la pression d’un égalitarisme de façade, selon laquelle tous les enseignants sont interchangeables et tous les élèves ont les mêmes besoins. » Adaptation et flexibilité sont deux mots que les idéologues marxistes de l’Education nationale vont devoir accepter.

Ce que peuvent espérer les contribuables

Le service public de l’éducation fonctionne donc très mal. Il est inefficace, démotivant et gaspille l’argent. Mais pour autant, peut-il être réformé ? Car la refondation de l’école tant annoncée par le ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, est remise à sa place par la Cour des comptes : en fait de refondation, il n’y a que reconduction d’un statu quo qui fossilise l’enseignement français.

La Cour des comptes recommande à Vincent Peillon de « redéfinir le métier enseignant », de « mieux valoriser les ressources humaines » en affectant « les enseignants en fonction de la réalité des postes et des projets d’établissement » et enfin de veiller à « assurer une gestion de proximité. ». Didier Migaud estime qu’il faut une bonne dizaine d’année pour réformer le système scolaire français. Sera-t-il écouté ?

Un statu quo qui fossilise l’enseignement français

Selon Didier Migaud, Vincent Peillon assure « qu’il partageait l’orientation des recommandations de la Cour pour une gestion plus qualitative et individualisée des ressources humaines. » Et d’ajouter que le ministre « a annoncé de futures discussions sur la refondation du métier d’enseignant. » Autant dire que ce n’est guère rassurant. Le constat est déjà fait, alors pourquoi discuter ? Il faut agir et vite.

Jean de Selzac

Avec Contribuables Associés, luttez pour la réduction des dépenses publiques, car trop de dépenses publiques c'est trop d'impôts, et contre les gaspillages scandaleux d'argent public !

Publié le vendredi, 21 juin 2013